De l’Antiquité à l’An Mil

Conquis par Rome au I^er s. av. J.-C., l’oppidum gaulois occupant l’emplacement de Poitiers/Limonum devient au II^e s. apr. J.-C., une ville florissante dotée de thermes, d’aqueducs et d’un vaste amphithéâtre. À la fin du siècle suivant, une enceinte d’une quarantaine d’hectares enserre et protège la ville sur son promontoire.

Au IV^e s., saint Hilaire évangélise Poitiers qui sera occupée au V^e s. par des troupes de « barbares » fédérés, les Sarmates et les Taïfales. Vers 500, Alaric II, roi des Wisigoths, réside dans la cité avant d’être défait en 507 à Vouillé (Vienne) par les troupes franques de Clovis. Ces dernières envahissent ensuite l’Aquitaine et la soumettent.

Le VI^e s. est également marqué par la renommée de Radegonde, fondatrice de l’abbaye Sainte-Croix, et par celle de Fortunat, l’évêque poète. Au VII^e s., l’abbé Mellebaude fait ériger l’hypogée des Dunes. En 732, lors de la bataille de Poitiers, Charles Martel triomphe des Musulmans et met un terme à leur progression en Aquitaine. La cité est assiégée au IX^e s. par les Normands qui brûlent l’église Saint-Hilaire-le-Grand, tandis que le pouvoir des comtes de Poitiers s’affirme au siècle suivant.

Étape sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, Poitiers recèle de magnifiques édifices construits à l’époque médiévale : cathédrale Saint-Pierre ; ancienne abbaye Saint-Hilaire-de-la-Celle ; églises Saint-Hilaire-le-Grand, Notre-Dame-la-Grande et Saint-Jean-de-Montierneuf.

À la découverte de Poitiers (Vienne)

Abbaye Sainte-Croix de Poitiers

Monastère féminin dédié à Marie, fondé peu après 550 par Radegonde, princesse thuringienne mariée au roi mérovingien Clotaire I^er. En 567, ayant reçu de l’empereur de Constantinople des fragments de la vraie Croix, l’abbaye prit le nom d’abbaye Sainte-Croix. Foyer culturel important, le complexe monastique accueillit le poète italien Venance Fortunat (530-601), futur évêque de Poitiers et auteur d’une « Vie de sainte Radegonde ».

La communauté de Sainte-Croix, aujourd’hui installée à La Cossonnière (commune de Saint-Benoît, Vienne), conserve des objets précieux attribués à l’époque de Radegonde : la staurothèque (reliquaire contenant un fragment de la vraie Croix), un pupitre et une croix de bronze.

Chapelle du « Pas-de-Dieu »

Les fondations de l’abbatiale Sainte-Marie ont été dégagées en 1909 par le père Camille de la Croix, archéologue originaire de Tournai (Belgique). Il découvrit à proximité les vestiges de la cellule de Radegonde et son oratoire, appelé la chapelle du « Pas-de-Dieu », car c’est en ce lieu que le Christ lui serait apparu, laissant son empreinte dans une pierre transférée par la suite dans l’église Sainte-Radegonde. En 1912, la cellule a fait l’objet d’une reconstruction dans un style « mérovingien ».

• Les vestiges de l’abbatiale du haut Moyen Âge sont conservés dans le square situé face au baptistère Saint-Jean (14 rue Jean-Jaurès).
• La cellule de Sainte-Radegonde est librement accessible dans la cour de l’immeuble voisin (11 rue des Carolus). Elle est exceptionnellement ouverte au public.
• Un moulage du pupitre de sainte Radegonde est présenté au Musée Sainte-Croix de Poitiers.
• La collégiale Sainte-Radegonde et sa crypte sont librement accessibles.
• La Médiathèque François-Mitterrand de Poitiers conserve deux manuscrits insignes provenant de l’abbaye Sainte-Croix : un évangéliaire réalisé vers 830 et une « Vie de sainte Radegonde » de Venance Fortunat, richement enluminée vers 1100.

Baptistère Saint-Jean

Les parties les plus anciennes du baptistère remontent à l’époque de saint Martin et de saint Hilaire, premier évêque connu de Poitiers (IV^e s.). Outre la piscine octogonale réservée au baptême par immersion, on peut y admirer de remarquables sarcophages mérovingiens et un fort bel ensemble de fresques murales des XI^e-XII^e et XIII^e s.

Église Saint-Hilaire-le-Grand

Vers 367, l’évêque Hilaire, grand défenseur de la foi chrétienne orthodoxe contre l’arianisme, fut inhumé hors les murs dans une chapelle dédiée aux saints Jean et Paul. Elle devint le siège de miracles attirant de nombreux fidèles. Au XII^e s., halte privilégiée des pèlerins allant à Compostelle, la chapelle prit le nom de « Saint-Hilaire-le-Grand ».

De l’église romane des XI^e-XII^e s. subsistent le chœur ceint d’un demi-cercle de huit colonnes, le transept, la première travée de la nef et le clocher du côté nord. Des fresques colorées de la fin du XI^e siècle relatent des épisodes de l’Apocalypse et de la vie des saints Quentin et Martin. Les chapiteaux sculptés sont ornés de monstres et de démons.

Hypogée des Dunes

Sur le plateau face à Poitiers se dresse l’hypogée des Dunes. Parfaitement conservé, ce mausolée érigé par l’abbé Mellebaude (VII^e s.) à proximité d’une nécropole romaine est orné de fresques et d’éléments sculptés. En son sein, un texte rédigé par l’abbé jette l’anathème sur ceux qui viendraient détruire le lieu. Par mesure conservatoire, le site est ouvert au public uniquement sur réservation à l’occasion des Journées européennes de l’archéologie (juin) et du patrimoine (septembre).

Musée Sainte-Croix

Situé dans le quartier de la cathédrale Saint-Pierre, le Musée Sainte-Croix est, par l’importance et la qualité de ses fonds, le premier musée de l’ex-région Poitou-Charentes. Conçu par l’architecte Jean Monge (1971) dans un style brutaliste, il occupe l’ancien site de l’abbaye Sainte-Croix. Outre des collections archéologiques qui couvrent une période allant de la Préhistoire au Moyen Âge, il comporte un département Beaux-Arts riche d’œuvres datant du XV^e au début du XX^e siècle.

Service des publics : 05 49 30 20 64 / publics.musees@poitiers.fr