Le père Camille de la Croix   

Né en 1831 près de Tournai, en Belgique, il entre dans les ordres et est ordonné prêtre en 1864.
Entre 1864, date de son arrivée à Poitiers, et 1911, celle de sa mort dans la même ville, les destins du père Camille de la Croix et de la capitale poitevine sont étroitement liés. C’est dans les murs de cette dernière qu’il fait ses premières armes en archéologie et qu’il acquiert, grâce à la découverte de l’hypogée des Dunes en 1878, sa renommée scientifique. Archéologue insatiable et curieux, il multiplie, durant toutes ces années, les fouilles et les surveillances archéologiques dans la ville de Poitiers. Cette dernière doit encore aujourd’hui à ses talents de découvreur et de conservateur la connaissance de son sous-sol et quelques-unes de ses plus belles richesses patrimoniales (hypogée des Dunes, baptistère Saint-Jean, collections archéologiques du Musée Sainte-Croix).

Si l’œuvre accomplie par Camille de la Croix est immense, c’est aussi parce qu’elle sut, en son temps, s’appuyer sur des méthodes performantes et novatrices. Outre le souci de l’analyse stratigraphique déjà évoqué, doublé d’un intérêt évident pour la préservation des objets et la transmission des connaissances (que l’on songe, par exemple, aux moulages et relevés de l’hypogée des Dunes), le fouilleur développe des dons d’observateur curieux et de rapporteur méticuleux, mais, dans un contexte urbain où les chantiers se multiplient, ses seuls yeux n’y suffisent pas. Dès 1878, il commence à élargir l’aire de ses travaux archéologiques et intervient hors de Poitiers. Aussi sait-il pouvoir compter sur un solide réseau d’informateurs qui mêle érudits, ecclésiastiques et terrassiers. Il va fouiller dans de très nombreuses localités poitevines dont Béruges, Sanxay ou faire des observations sur des sites archéologiques comme à Civaux.

Tant de réussites ne doivent pas masquer complètement les écueils de la mission archéologique que s’était assignée le révérend père. Déjà en 1882, Joseph Berthelé souligne que « le P. de la Croix prend minutieusement ses notes et relève  soigneusement ses plans, au jour le jour, mais il n’écrit son travail d’ensemble que lorsque toutes ses fouilles sont terminées ». Cette méthode d’enregistrement rigoureuse comporte, pour un archéologue boulimique, les qualités de ses défauts : Camille de la Croix laisse à sa mort, survenue le 12 avril 1911 à Poitiers dans sa modeste « maison de bois » implantée n° 7 boulevard du Pont Neuf, plusieurs publications inachevées. Visionnaire et prévoyant, il avait su néanmoins mettre à l’abri ses foisonnantes archives en les confiant aux bons soins de la SAO. Elles sont aujourd’hui conservées aux Archives départementales de la Vienne, numérisées et accessibles à tous, et le bon père, incarné dans le bronze et le plâtre par le talent du sculpteur Aimé Octobre (1868-1943), peut désormais veiller en toute quiétude aux destinées de l’hypogée des Dunes et des collections du Musée Sainte-Croix.

d’après “Poitiers “son port d’attache“, article Musée Sainte-Croix, 2021
Archives départementales de la Vienne, sous-série 16 J 3.
Émile GINOT, « Bibliographie des travaux archéologiques du R. Père de la Croix précédée du
discours prononcé à ses obsèques et d’une note biographique », Bulletin de la Société des
antiquaires de l’Ouest, 2 e trimestre 1911, 3 e série, tome II, p. 255-355.
Le R.P. Camille de la Croix. Un tournaisien archéologue en Poitou, catalogue d’exposition, Musée
d’Archéologie de Tournai, Tournai, 2016, 136 p.